WMT #4 - Les Gens Beaux.
Créer de nouvelles identités à la volée. Linkedin veut jouer. Pourquoi les gens beaux gagnent plus d'argent ? Comment contrer un biais pour annoncer une propale salariale ?
Déjà vendredi ? La semaine a filé vite, prenons quelques minutes pour s’inspirer : je vous propose le temps d’un thé ou d’un café de parler de Recrutement, de Marque Employeur, et de Psychologie du travail.
→ Quoi de neuf dans ces domaines ?
Les gens beaux gagnent plus d’argent
Et en prime, on leur fait davantage confiance, et on leur permet d’accéder plus facilement à de meilleurs postes. Mais ça veut dire quoi être “beau”, et comment ça fonctionne ?
Ce n’est pas que la faute des entreprises, ça commence dès la maternelle... 😱
Je vous résume ce qu’on a trouvé dans les principales études sur le sujet.
Linkedin va lancer des jeux videos sur sa plate-forme
Des jeux videos sur Linkedin ? Une idée semble être de créer des compétitions entre entreprises, avec des classements.
Franchement, en RH on a déjà du mal à donner envie à tout le monde d’aller sur Linkedin pour partager du contenu de l’entreprise (“non Michel, tu n’as pas raccroché ton profil à la bonne filiale, nous c’est le logo Jaune”), alors j’ai du mal à imaginer un DRH qui irait encourager ses salariés à passer du temps à battre des records de jeu en ligne, fut-ce dans un objectif de team building ou d’appartenance.
On pourrait aussi imaginer un mouvement de Linkedin vers un service de gamification en amont des candidatures. Bien que j’adore la gamification dans un contexte de maximiser l’engagement et d’améliorer l’expérience candidat, je la vois souvent utilisée comme un outil d’évaluation posé au milieu du désert, et tout le monde la regarde en espérant la voir se transformer en fontaine à eau.
Sur un outil grand public tel que Linkedin, ça pourrait vite devenir le chaos.
Restons prudents, et revenons à nos moutons.
Où s’arrête la frontière entre réseaux sociaux et jeux videos ? A l’heure où Fortnite, qui est capable de réunir 45 Millions de joueurs en une seule journée, a enrichi son offre pour devenir un hub social et media multi-jeux, où Netflix propose des jeux mobiles à ses abonnés, et où Linkedin envisage de sauter le pas, les frontières sont clairement brouillées.
Où est le problème ?
Attention, vous ne trouverez pas ici de rancune, ni contre les jeux videos ni contre les réseaux sociaux : j’utilise les deux, l’un avec un plaisir doux, l’autre avec un plaisir amer.
Mais tout de même, un clavier azerty en vaut deux :
Durant la pandémie (est-ce qu’on ne mettrait pas un P majuscule ?) les adolescents ont considérablement augmenté leur temps d’utilisation des jeux videos et des réseaux sociaux, jusqu’à les utiliser au point de se sentir mal à l’aise de le faire (étude de Nilsson & al. 2022).
Cette augmentation s’est traduite par des conséquences négatives sur la vie des participants de l’étude sur de nombreux domaines : problèmes de santé, difficultés de sommeil, problèmes sociaux, baisse de l’estime de soi…
“Encore les écrans !” me direz-vous. Et bien non ! Ce n’est pas le temps d’écran qui est responsable de ces conséquences négatives : ce sont des dégâts causés par le fait d’être trop exposé aux mécanismes et biais des réseaux sociaux, et des jeux, qui vont faire émerger les comportements addictifs (Buren & al. 2023).
“Mais c’est pas pareil du coup ?!” Et bien non : vous pourriez très bien avoir passé davantage de temps sur les réseaux sociaux à apprendre à jouer de la guitare ou dévoré des conférences sur l’astrophysique, ou bien vous pourriez avoir passé des heures entières à jouer en passant des moments exceptionnels.
Vous vous serez sentis particulièrement engagé dans votre activité, et il se trouve que cette activité se passe derrière un écran. Mais vous n’aurez pas forcément de conséquence négative pour autant.
L’engagement ≠ L’addiction
C’est bien l’addiction qui crée des problèmes, et tous les réseaux sociaux que nous utilisons sont conçus pour générer une forme d’addiction (qui veut son petit shot de dopamine ?).
Certes, les adolescents ne sont pas les seuls à avoir avoir augmenté leur nombre d’heures sur les réseaux sociaux pendant le Covid, les adultes également (beaucoup ont découvert TikTok à cette occasion d’ailleurs).
Mais tout de même… ceux qui avaient 17 ans en 2020 en ont désormais 21 cette année. Ils seront nombreux à créer pour la première fois leur profil Linkedin dans le cadre de leur recherche de stage de Licence.
Un moment critique pour lancer des jeux videos sur son réseau social, diront certains. Linkedin, que nous prépares-tu ?
Un Outil à bookmarker
Vous êtes recruteur ou sourceur, et vous avez développé le besoin compulsif de créer de multiples identités ? (Nous savons…)
Ou bien vous en avez juste marre de devoir vous créer un compte dès que vous essayez une nouvelle app ou un service ?
Créez autant d’identités que vous le souhaitez, à la volée, avec Cloaked !
Cloaked, c’est un outil qui va générer de fausses infos (y compris mail et numéro de téléphone) de manière illimitée, et rediriger toutes les prises de contact entrantes vers les canaux que vous aurez choisis.
Essai gratuit, abonnement payant.
Si vous êtes en train de vous demander si vous pouvez créer de multiples identités, pour créer de multiples comptes sur Cloaked, vous êtes fous, et on vous aime pour ça.
A garder dans nos favoris !
Bo-Bo-Bonus
Vous avez plus de chances d’impacter vos candidats en donnant des points de comparaison aux informations que vous leur partagez.
Connaissez-vous le Biais de Cadrage (ou “framing”) en Communication ?
Votre cerveau prend des décisions en fonction des informations qui sont à sa disposition. Et il compare dès qu’il peut (d’ailleurs, c’est l’une des raisons qui font que l’on souhaite souvent comparer un candidat à d’autres même s’il remplit toutes les cases).
C’est ce qu’illustre l’histoire des frères Drubeck, des tailleurs qui tenaient une petite boutique à Chicago dans les années 1930.
Lorsque Sid Drubeck faisait essayer un costume à un nouveau client, et que celui-ci s’enquérait de son son prix, Sid demandait à la cantonade à son frère Harry qui travaillait au fond du magasin : “Harry, combien pour ce costume ?”
Harry répondait alors “Pour ce magnifique costume tout en laine, 42$.”
Feignant de n’avoir pas entendu, et portant la main à son oreille, Sid demandait à Harry de répéter, ce qu’il faisait : “J’ai dit 42$”.
Sid se tournait alors vers le client, et lui répondait “Il a dit 22$.”
La plupart des clients s’empressait alors d’acheter le costume, pensant faire une superbe affaire.
Attention, en Ressources Humaines, nous ne sommes évidemment pas là pour tromper les candidats, c’est évident. En revanche, dites-vous que si vous ne leur donnez pas d’informations satellites pour cadrer l’information-clé, le cerveau utilisera d’autres infos, peut-être moins pertinentes, pour le faire.
D’où l’importance de connaitre votre marché, vos forces, vos manques et vos atouts lorsque vous recrutez.
Alors en action, on passe de “On vous propose un CDI à 45.000€” à :
”Pour ce poste et avec votre profil, la moyenne du marché est à 44.000€. De notre côté, on est un peu au-dessus et on souhaite vous proposer un CDI à 45.000€.”
“Et si on est en-dessous du marché ?” Et bien mettez en avant vos autres points forts.
”Et si vous on n’a aucun avantage ?” Vous avez des salariés qui sont encore là, alors que le marché est tendu partout ? S’il n’y avait aucune raison de signer chez vous, il n’y aurait aucun salarié chez vous.
➡️ Avant de vous demander pourquoi les candidats viendraient, demandez-vous pourquoi vos salariés restent. Ils sont là vos avantages.
Et puis soyons humbles. On n’a pas tous besoin de faire rêver en annonçant vouloir envoyer l’Homme sur Mars. En 2024 dans le recrutement, être honnête et pragmatique peut avoir plus de valeur que de vouloir révolutionner le monde.
“Nous avons tous été vainqueurs même le dernier des derniers,
Une fois au moins les meilleurs, nous qui sommes nés.” (Jean-Jacques Goldman)
Remerciements :
Merci à vous qui partagez cette lettre ou mon contenu, et particulièrement celles et ceux que j’ai vu passer Soazic Baron, Aude Amarrurtu, Antoine Gravet, Gaëtan Goudet and the wonderful Melody Andrade.
C’est tout pour aujourd’hui ! Si ça vous a plu, pensez à partager à vos collègues !
💡 D’ailleurs, la semaine dernière on vous avait dit que de se sentir en confiance au travail et avec les collègues pouvait augmenter drastiquement votre productivité.
Saviez-vous qu’en moyenne 76% des employés déclarent avoir “un ami proche” au travail ? C’est plutôt chouette.
Ce qui est triste ? Ce chiffre monte à 82% pour les 35-44 ans, puis descend à 66% pour les plus de 54 ans.
La raison ? Les changements de poste, dans les deux sens : on a pu voir partir son “best buddy” pour un autre job, comme on a pu nous-mêmes changer d’entreprise et ne pas réussir à re-créer les mêmes connexions.
Il y a aussi l’avancement : quand on est manager, ça peut devenir plus difficile de maintenir ce genre de relations.
Deux choses à retenir : chérissons les relations de travail qui comptent tant qu’elles sont là, et surtout…
➡️ Pensons à nos collègues qui ont vu pu voir partir leur “work buddy” et qui se sentent un peu plus seuls dès le lendemain.
Après le pot de départ, le pot de ceux qui restent ?
A bientôt,
Jean-Marie Caillaud, de WorkMeTender