WMT #35 - Différences culturelles
Les différences de communication entre cultures. Le sourire en entretien. La filière d'ingénierie réservée aux femmes. ChatGPT devient enfin un vrai assistant. Le secteur où ça recrute dur.
“Un sourire peut tout changer”.
On entend souvent ce proverbe, sans penser à quel point son sens est lié à la culture dans laquelle il est utilisé.
Il y a 8 ans de cela, alors que j’étais responsable du recrutement et de la marque employeur pour une scale up française qui se développait à l’international, j’étais chargé de recruter le futur patron de notre filiale russe.
J’avais déjà une expérience avec beaucoup de pays, mais pas sur ce marché, et personne n’en avait dans mon équipe non plus.
Aussi il a vite été évident qu’on allait faire appel à un cabinet de recrutement local.
Après quelques recherches et échanges, je sélectionnais le cabinet qui me paraissait le plus pertinent pour nous accompagner dans cette mission.
Le process s’est plutôt bien passé, et avant de démarrer les entretiens avec la shortlist que le cabinet avait sélectionné, ils m’ont donné un conseil, et c’est une conversation dont je me rappellerai toujours.
“Ne souriez pas trop.”
Pourquoi ce conseil ?
Voici l’explication que l’on ma donné :
“Vous les latins, surtout les français, vous avez l’habitude de beaucoup sourire quand vous faites du business, c’est même un signe de politesse, vous voyez ça comme une main tendue chez vous.
Ici, c’est le contraire. Soyez neutre. Si vous souriez, votre interlocuteur pourrait penser que vous vous moquez de lui.”
J’ai toujours adoré ce genre de différences. Ce besoin de s’adapter à l’autre, de comprendre comment d’autres cultures fonctionnent.
Alors étant passionné de recrutement international, je suis content d’aborder avec vous un sujet passionnant : la communication interculturelle et ses différences.
Et bien sûr, on en parle à travers le prisme du Recrutement, de la Marque Employeur, et de la Psychologie du travail.
C’est parti !
La communication interculturelle : de quoi parle-t-on ?
Quand on parle de communication interculturelle, on a vite tendance à tomber sur les travaux d’Edward T. Hall, qui ont été menés cours de la 2ème moitié du 20ème siècle.
Hall a mis en avant 3 dimensions qui définissent la manière dont on communique en fonction de sa propre culture : le Contexte, la Temporalité, et l’Espace relationnel.
Regardons en détail de quoi il en retourne, vous allez voir c’est très simple quand on l’explique :
1️⃣ Le Contexte : Communication Haute ou Basse (HC/LC)
💡 Définition :
Le contexte d’une culture détermine la manière dont l’information est transmise dans la communication. On différencie deux grandes catégories :
Haut Contexte (High-Context, HC)
Bas Contexte (Low-Context, LC)
🔹 Cultures à Haut Contexte (HC)
➡ L’information est implicite, fortement dépendante du contexte et des relations interpersonnelles.
➡ La communication repose sur des non-dits, des sous-entendus, le langage corporel et l’histoire partagée entre les interlocuteurs.
📍 Quelques exemples : Japon, Chine, France, Arabie Saoudite, Mexique.
✅ Caractéristiques :
Des messages indirects, souvent codés ;
Peu d’explications explicites : le sens est compris via le ton, la gestuelle ou la situation ;
Importance des relations et de la hiérarchie ;
Politesse et subtilité dans la formulation des demandes.
💡 Exemple :
En entreprise, un manager japonais peut exprimer une critique en disant « Il serait peut-être intéressant de revoir certains éléments » au lieu de dire directement « Ceci est incorrect », et cela sera compris facilement par la majorité des personnes.
🔹 Cultures à Bas Contexte (LC)
➡ Ici l’information est explicite, peu dépendante du contexte ou des relations préalables.
➡ La communication est plus directe et détaillée.
📍 Quelques exemples : États-Unis, Allemagne, Pays-Bas, Scandinavie.
✅ Caractéristiques :
Des messages explicites et précis.
Moins de sous-entendus ou de langage implicite.
Moins d’importance accordée aux relations personnelles dans la communication.
L’efficacité prime sur la diplomatie.
💡 Exemple :
Un manager allemand pourra dire directement : « Cette partie du projet ne respecte pas les standards attendus, il faut la refaire. » et ça sera parfaitement entendu et accepté, là où dans d’autres cultures la formulation pourrait paraitre un peu brusque.
2️⃣ La Temporalité : Monochronique vs Polychronique
💡 Définition :
La perception du temps varie selon les cultures, influençant l’organisation du travail, la gestion des priorités et la manière dont on perçoit les engagements temporels.
🔹 Cultures Monochroniques (M-time)
➡ Les tâches sont exécutées de manière séquentielle, avec un souci strict des horaires et des délais.
📍 Exemples : Allemagne, États-Unis, Suisse, Japon.
✅ Caractéristiques :
Une forte importance des plannings et des échéances ;
On fait une chose à la fois : le multitâche est limité ;
La ponctualité est une valeur clé ;
Un attachement aux procédures et au respect des délais.
💡 Exemple :
Un Suisse en réunion aura plus de chances de respecter un ordre du jour structuré et de limiter les digressions.
🔹 Cultures Polychroniques (P-time)
➡ Plusieurs tâches sont gérées simultanément, et les délais sont souvent flexibles.
📍 Exemples : Mexique, Inde, Arabie Saoudite, Espagne.
✅ Caractéristiques :
Les interactions humaines sont plus importantes que le respect des horaires.
Les plannings sont flexibles, on s’adapte en fonction des imprévus.
Le multitâche est courant.
Priorité aux relations interpersonnelles plutôt qu’à l’agenda.
💡 Exemple :
Dans une entreprise mexicaine, une réunion peut durer plus longtemps que prévu parce que l’échange humain et les discussions informelles seront davantage valorisés.
3️⃣ L’Espace Relationnel : Distance Hiérarchique et Privée
💡 Définition :
L’espace relationnel renvoie à la manière dont les individus gèrent la distance physique et symbolique dans les interactions sociales et professionnelles.
On parle parfois aussi de “bulles interpersonnelles”, comme une bulle qui entour chaque individu, avec un diamètre qui lui est propre. Et il faut visualiser ce concept en imaginant des bulles qui s’entrechoquent toute la journée.
On sait que ces “bulles” ne font pas toutes la même taille à l’échelle individuelle, pourtant il y a culturellement des tendances qui apparaissent quant à la proximité de ces bulles personnelles en entreprises.
🔹 Cultures à Forte Distance Relationnelle (High-Space)
➡ Les interactions sont plus formelles, avec une séparation claire entre sphère professionnelle et privée.
📍 Exemples : Allemagne, États-Unis, Royaume-Uni, Scandinavie.
✅ Caractéristiques :
Un respect de la sphère privée.
Une distinction stricte entre travail et vie personnelle.
Peu d’échanges personnels dans un cadre professionnel.
La communication professionnelle est plus factuelle et axée sur les tâches.
💡 Exemple :
La probabilité qu’un Suédois pose des questions personnelles à son collègue en début de réunion est faible, alors qu’en France c’est assez courant.
🔹 Cultures à Faible Distance Relationnelle (Low-Space)
➡ Les relations personnelles sont plus intégrées à la vie professionnelle, avec peu de séparation entre le privé et le travail.
📍 Exemples : Espagne, Brésil, Inde, Moyen-Orient.
✅ Caractéristiques :
Travail et relations personnelles sont souvent imbriqués.
Les discussions informelles et personnelles sont fréquentes en entreprise.
Grande importance des liens sociaux dans les relations de travail.
Il y a moins de formalisme dans les échanges.
💡 Exemple :
Un manager brésilien peut demander des nouvelles de la famille de son collaborateur avant d’aborder un sujet professionnel.
Si on devait résumer ces 3 dimensions en un tableau :
Il est évident qu’en entreprise, les choses ne sont pas aussi simples : toutes les entreprises d’un même pays n’ont pas exactement la même communication.
Par exemple, si vous travaillez pour la filiale française d’un groupe japonais, votre entreprise possèdera des traits venant des deux cultures.
A partir de là, chacun d’entre nous peut essayer de décrire la communication de son entreprise.
➡️ On verra la semaine prochaine comment ces dimensions impactent la communication en entreprise.
Un Outil à bookmarker
Encore un nouvelle fonctionnalité de ChatGPT ! Sortie en Janvier dernier, j’ai attendu de l’expérimenter avant de décider de vous en parler, et je confirme que ça vaut le coup.
Il s’agit de ChatGPT Tasks !
ChatGPT vous permet désormais de créer en avance des tâches qu’il réalisera sans que vous ayez besoin de lui redemander.
Concrètement, vous pouvez désormais sélectionner le modèle “ChatGPT 4o avec Tâches planifiées” lorsque vous démarrez une nouvelle conversation avec l’outil (disponible immédiatement pour tous les utilisateurs payants, et à venir pour les utilisateurs gratuits).
Et vous allez pouvoir désormais lui demander de créer des rappels, mais aussi des tâches automatisées.
Par exemple, vous pouvez lui demander : “tous les vendredis à 14h00, donne-moi une revue de presse de l’actualité dans le secteur automobile”. Et bim, vous avez votre veille rapide pour gagner en crédibilité avec vos hiring managers.
A garder dans nos favoris !
Parité : l’EPF saute le pas !
L’EPF lance une filière de recrutement dédiée aux femmes.
L’EPF, c’est l’Ecole Polytechnique Féminine, mais qui contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, recrute des étudiants hommes comme femmes.
L’école s’est fixé un objectif d’arriver à la parité hommes-femmes parmi ses étudiants d’ici 2028.
Et dans ce but, ils ouvrent une filière de 50 places accessibles depuis Parcoursup, où les femmes ne seront pas mises en compétition avec des hommes.
La parité dans les métiers de l’ingénierie, ça fait des années qu’on en parle, et c’est toujours aussi dur à atteindre.
Maintenant ce qui est certain, c’est que si ça doit être atteint, ça sera effectivement en attaquant le sujet en priorité au niveau de la formation.
Le Nucléaire : the place to be
On en parlait il y a 3 semaines, les métiers du nucléaire sont en pénurie.
Le nucléaire est actuellement le 3ème employeur de France.
On recense 200.000 emplois à date en France, et le secteur prévoit de recruter 100.000 personnes de plus d’ici à 2034.
🔋 Clairement un secteur où l’on va voir apparaitre des campagnes de recrutement intéressantes !
“Jeter aux vers, aux vautours
Tous nos plus beaux discours,
Ces mots qu'on rêvait d'entendre
Et qui n'existent pas”
(Les innocents)
Remerciements :
Merci à vous qui valorisez mon travail à travers nos échanges ici ou sur Linkedin, et particulièrement celles et ceux que j’ai vu passer Jessica Djeziri, Amélie Citry, Lucie Delabre, Valère Desmazières, Hugo Chabrouty, Pierre Baillet, Gavin Johnston, Fanny Le Gallou, Chloe Morisson, Aurore le Peuc’h, Vanessa Marel, and the stellar Melody Andrade.
Joyeuse St Valentin à toutes celles et ceux qui la fêtent !
C’est tout pour aujourd’hui ! Si ça vous a plu, pensez à partager à vos collègues !
💡 D’ailleurs, saviez-vous que votre cerveau consomme environ 20% de l’air que vous respirez ?
Alors si l’on vous pompe l’air, levez-vous et allez respirer ailleurs… ça sera bon pour votre humeur, mais aussi pour votre productivité !
Prenez soin de vous,
Jean-Marie Caillaud, de WorkMeTender